Un viager obsolète : des « viages » adaptés pour les classes aisées et les plus modestes

 

Introduction de l’étude réalisée par André Masson Directeur d’étude à L’EHESS février 2014
En France en particulier, malgré l’augmentation des aides et donations familiales aux enfants, le patrimoine apparaît de plus en plus concentré aux mains des seniors et des plus âgés : d’une certaine manière, les seniors français « sur-épargnent » pour leur vieux jours, notamment sous forme immobilière, près des trois quarts étant propriétaires de leur logement – logement qui a souvent pris de la valeur en raison des plus-values immobilières des années 2000. Ce déséquilibre patrimonial croissant entre les âges apparaît sous-optimal, surtout dans la conjoncture actuelle : les biens immobiliers détenus par les plus âgés constituent une masse patrimoniale « dormante » à un moment où il faudrait relancer la consommation, disposer d’une demande importante pour financer la silver economy, orienter l’épargne vers les investissements productifs longs et risqués requis pour doper une croissance économique en berne, et aider encore les générations plus jeunes dont les besoins pressants, professionnels, familiaux ou immobiliers, se heurtent à des contraintes de liquidité redoutables. En même temps, le vieillissement démographique et la croissance ralentie mettent l’État-providence pour les plus âgés sous pression. Une règle approximative non écrite veut ainsi que les transferts sociaux au plus de 60 ans (retraites, santé, dépendance, mais aussi augmentation de la dette publique) constituent un pourcentage du PIB à peu près égal au poids de ces âges dans la population, soit un peu plus de 20 % aujourd’hui mais près d’un tiers en 2050… Quand bien même les retraités sont (en moyenne) les plus riches en patrimoine (immobilier), leurs besoins de liquidité et même leur niveau de vie risquent de pâtir fortement de ces évolutions inquiétantes, et ce d’autant plus qu’ils doivent faire face à un allongement inédit de l’espérance de vie. Un remède avantageux dans ce contexte consiste à proposer des mécanismes qui permettent de rendre liquide – de monétiser – le patrimoine immobilier à un moment de la retraite, afin de fournir un complément pour la consommation des vieux jours, pallier la hausse des dépenses de santé ou le risque de dépendance, ou encore transmettre plus rapidement une part de leur patrimoine à des enfants qui héritent de plus en plus tard.

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